Le milieu médical regorge de termes complexes et peu communs et le domaine de l’orthophonie n’y fait pas exception. Il arrive parfois que l’orthophoniste ait à informer le parent que son enfant présente une "dysarthrie" …mais au fait, de quoi s’agit-il?
Essentiellement, la dysarthrie est un trouble de la parole d’origine neurologique.
Pouvoir exprimer des idées par l’entremise de la parole est une des particularités qui distingue l’être humain. Le mécanisme par lequel l’homme peut émettre des enchaînements de sons est en soi extrêmement complexe. Chaque son produit implique l’intégrité, la participation et la coordination de plusieurs structures anatomiques et mécanismes, dont la langue, les lèvres, le voile du palais, la respiration, la proprioception, etc. La production d’un son résulte, entre autres, de la sélection de groupes de muscles qui ont été activés ou relâchés dans une séquence déterminée avec un degré de force, de vitesse et de durée qui diffèrent pour chaque sons. La parole requiert donc une synergie importante au niveau neuromusculaire. Les scientifiques estiment que la production de quatorze sons en une seconde entraîne la participation d’environ cent muscles! ( Darley, Aronson, Brown 1975) ). Tout ceci est contrôlé par le système nerveux central et périphérique.
Le système nerveux est à l’image de la boîte principale d’alimentation électrique de votre maison. Imaginez que les fils conducteurs d’électricité soient défectueux. Lorsque vous allumerez une lampe, il y aura des phénomènes inhabituels tels que des fluctuations de luminosité, des clignotements, des interruptions momentanées. Une atteinte du système nerveux central ou périphérique pour quelques raisons que ce soit (paralysie à la naissance, AVC, maladie dégénérative) peut entraîner des perturbations neuromusculaires lors de l’exécution des mouvements nécessaires à la parole qui affecteront la vitesse, la force, la portée la précision dans l’espace et le temps des mouvements. Lorsque c’est le cas, nous appelons cela dysarthrie. Ces difficultés auront un effet sur une ou plusieurs caractéristiques de la parole, qu’il s’agisse de la voix (intensité, qualité), de la résonance (timbre nasal ou non), de l’articulation (précision) ou de la prosodie. L’intelligibilité globale s’en trouvera alors diminuée. De façon générale, plus l’atteinte sera sévère, plus grand sera le nombre de composants altérés et moindre sera l’intelligibilité.
Le travail de l’orthophoniste visera à maximiser l’efficacité de la communication tout en préservant le plus possible l’aspect naturel de la parole. Selon le degré de sévérité, l’orthophoniste pourra travailler à développer un meilleur contrôle moteur, enseigner des stratégies compensatoires ou recommander l’emploi de systèmes alternatifs pour compléter ou suppléer à la parole.